Les Poilus de Châteauroux morts pour la France

Base de données des Morts pour la France de la Première guerre mondiale.

Genèse du projet

En 2014, la Société généalogique du Bas-Berry, souhaitant participer à la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, s’est lancée dans le relevé des noms de poilus figurant sur les monuments aux morts du département de l’Indre. C’est dans ce cadre qu’une équipe de chercheurs bénévoles a travaillé de 2015 à 2019, sous la direction conjointe de Jean-Louis Cirès responsable des Archives municipales et de Marie-Sylvie Beuzard historienne, à l’identification des poilus de Châteauroux. La période chronologique 1914-1918 s’est révélée trop restrictive et nous avons fini par intégrer à notre base de données les soldats morts des suites de la guerre, le décès le plus tardif intervenant semble-t-il en juillet 1934.

Les plaques de l’ancienne mairie

Depuis 1925 existait une liste de 834 noms gravés sur des plaques de calcaire dur, scellées dans l’escalier d’honneur de l’ancienne mairie. Seuls témoins d’un premier projet de monument aux morts communal inabouti, ces plaques sont mal connues des castelroussins.

La tranche chronologique couverte s’étend de 1914 à 1924.

Nous avons voulu identifier les patronymes mentionnés sur cette liste. 832 noms ont pu être renseignés, seuls deux restent encore inconnus.

Il est à noter que la liste de 1925 présente quelques erreurs dans les dates de décès, des différences dans l’attribution des prénoms et des modifications dans la graphie des noms par rapport aux documents de l’état civil. Nous avons adopté la graphie des actes de naissance.

L’apport de listes annexes

  • Le Livre d’or de Châteauroux, dressé sous l’égide du Ministère des Pensions, comprend le nom des héros tombés entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919 : soit 776 noms. Son étude nous a révélé la présence de noms nouveaux. Alors peu à peu s’est imposée l’idée de constituer une liste supplémentaire qui viendrait palier les oublis et compléter celle de 1925, une liste qu’il faudrait traiter en parallèle. Nous devions utiliser et confronter les sources épigraphiques et les documents écrits existants.
  • Les sources épigraphiques sont assez nombreuses. En 2014, lors du colloque sur la Grande Guerre dans l’Indre, Lucien Lacour avait dressé l’inventaire des stèles et plaques existantes en divers endroits de Châteauroux, pour la plupart de type corporatif. Il s’agit des plaques du Conseil général (4 noms), des employés municipaux (3 noms), de l’ancienne manufacture des tabacs (13 noms), du lycée Jean-Giraudoux (136 noms), de l’ancienne école normale d’instituteurs (52 noms), de l’école Léon XIII (26 noms) et du monument commémoratif n°2 du Souvenir français (5 noms).
    Il faut y ajouter deux plaques aujourd’hui disparues : celle des sapeurs-pompiers (13 noms) et celle du personnel des anciennes usines Balsan (70 noms). Par chance, les Archives municipales en ont conservé une copie écrite.
    Enfin on peut voir dans l’église Saint-André trois plaques de marbre noir sur lesquelles sont gravés 222 noms, en principe appartenant à des familles de la paroisse. Curieusement il n’y a aucune plaque dans l’église Notre-Dame, autre paroisse de Châteauroux. Un accord a-t-il été passé afin que tout soit concentré sur Saint-André ? La présence sur la liste de Saint-André de plusieurs gradés du 90e régiment d’infanterie (90e RI), relevant plutôt géographiquement de la paroisse Notre-Dame, fait pencher pour cette hypothèse.
  • Les documents écrits ont également été mis à contribution pour compléter la base numérique : listes de remise des diplômes d’honneur aux familles, constats de décès établis par les tribunaux civils de 1916 à 1923, dossiers de pupilles de la Nation élaborés de 1918 à 1934, listes de retour des corps des soldats morts sur le front constituées en 1921-1922. Dernier document intéressant que nous avons pu consulter : le petit Livre d’or des instituteurs de l’Indre, daté de 1920, qui établit la liste des enseignants titulaires et des élèves-maîtres mobilisés pendant la guerre et présente une courte notice biographique des 52 morts pour la France.
  • Enfin nous remercions beaucoup Jérôme Charraud qui nous a aidés, dès le début, en nous communiquant son dossier "Natifs de l’Indre", et dont nous avons consulté régulièrement les deux blogs. Nous avons ainsi pu procéder à de nombreux recoupements.

La méthode de travail

Des critères de sélection s’imposaient

En effet le recours à des listes annexes a permis de constituer un corpus de plusieurs centaines de noms nouveaux. Mais dans plusieurs cas, les patronymes repérés concernaient l’Indre en entier. Par exemple le lycée national et l’école normale d’instituteurs recevaient des élèves de tout le département, voire des départements voisins. Un tri s’imposait donc. Il fallait choisir des critères permettant d’établir le lien entre un poilu mort et la ville de Châteauroux. Les critères suivants ont été retenus, les trois premiers étant les plus importants :

  • retranscription de l’acte de décès à Châteauroux,
  • naissance à Châteauroux,
  • dernier lieu de résidence à Châteauroux,
  • présence des parents à Châteauroux, naissance d’enfants à Châteauroux,
  • mariage à Châteauroux et/ou présence de la belle-famille à Châteauroux.

La sélection a permis de rajouter 328 noms à la liste initiale de l’ancienne mairie. La base de données compte donc actuellement 1162 noms. Nous avons repris totalement la liste de 1925, même si nous avons trouvé quelques cas limites.

Une démarche a été suivie

Nos recherches avaient pour but de regrouper, pour chacun des poilus concernés, des renseignements d’ordre familial et de retracer son parcours militaire et notamment les circonstances de son décès. Il s’agissait de constituer une base de données fiable qui devienne un instrument de recherche pour les généalogistes et les historiens.

Notre point de départ consistait à consulter la base "Mémoire des Hommes", et plus précisément les fiches des "Morts pour la France" et des non morts 1914-1918. Chacune des informations obtenues était vérifiée auprès des mairies et des services d’archives. La mise en ligne des registres matricules dans le cadre du centenaire a été d’une grande aide. Il ne restait plus ensuite qu’à compléter nos renseignements en interrogeant des dossiers plus spécifiques (pupilles de la Nation, retour des corps…).

Un premier résultat : le nouveau mémorial 1914-1918

Un nouveau mémorial a été édifié place de la Victoire-et-des-Alliés, aux côtés du monument départemental, et inauguré le 11 novembre 2018. Illustré par un dessin du castelroussin Bernard Naudin, il porte les noms de 1108 poilus de Châteauroux tombés pour la défense de la France.

Le groupe de recherche qui a travaillé, de 2015 à 2019, sur les poilus de Châteauroux :

  • Andrée AUJEU
  • Sylvie CHEVALIER
  • Jean-Louis CIRÈS
  • Gyslaine LIMOUSIN
  • Rémi LOUVIOT
  • Marie-Claire MAILLÉ
  • Marie-Madeleine NEVEU-BERRIER
  • José et Monique PÉPIN
  • Christian PINEAU
  • Françoise ROUET
  • Jean-Paul THOMAS
  • Bernadette TOURNAIRE
  • Annick WEISS
  • Coordination : Marie-Sylvie BEUZARD